Arnold Ehret (1866-1922) et le Jeûne
L’histoire d’Arnold Ehret et le jeûne commence dans une famille de médecins et de vétérinaires. Il nait en Allemagne et devient professeur de dessin. Il souffre alors de problèmes cardiaques et d’une insuffisance chronique des reins. Aucun spécialiste n’a pu l’aider. 24 médecins l’ont déclaré incurable. Néanmoins, il ne baisse pas les bras. Il visite de nombreux sanatoriums en Europe qui proposent des thérapies non conventionnelles, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Dès 1899, il s’intéresse au végétarisme, à la naturopathie ou aux techniques de guérison par l’esprit comme la science chrétienne. Avec elle aussi, les résultats sont mitigés :
« Cinq fois, j’ai des vacances pour récupérer, mais à chaque fois il a été prononcé le mot « incurable » et j’ai fini par démissionner de mon emploi. Ensuite, pendant cinq ans, j’ai souffert auprès de nombreux médecins (24 au total) et une partie de cette souffrance était de payer la totalité de ces factures d’environ 6000$ en continuant d’entendre le mot « incurable ». En faillite physique et presque mentale, j’ai pensé au suicide mais j’ai accidentellement entendu parler de naturopathie et me fit traiter au sanatorium de Kneipp par trois fois. J’en ai retiré un certain soulagement et une volonté de vivre, mais je n’étais pas guéri. » (Ehret, 1922)
La découverte du jeûne
Un jour, il part pour le sud de la France. Dans un sanatorium de Nice, il suit une cure de fruits. Il n’y trouve pas la guérison, mais un espoir réel apparait. Il y entend parler du jeûne. Cette méthode l’intrigue, mais elle lui est fortement déconseillée par son médecin naturopathe en raison de sa maladie rénale. Néanmoins, alors qu’il effectuait un séjour en Algérie, Arnold Ehret est tenté d’expérimenter cette cure. Se rappelant des avertissements du naturopathe, il décide de ne jeûner que quelques jours.
Immédiatement, son état s’améliore. Son miroir lui montre un visage plus frais, plus jeune, plus sain. Selon lui, c’est un signe de mère nature qu’il a enfin trouvé la bonne méthode. Il multiplie les jeûnes de quelques jours. Il renaît. Arnold Ehret décrit sa nouvelle condition physique : il est plus fort, plus efficace, plus endurant, plus résilient.
Son état mental se renforce également de manière considérable. Des facultés renouvelées de mémoire, de perception et de résistance mentale et bien comme guillemet un lever de soleil guillemets. Toutes ses capacités physiques s’améliorent à un niveau largement supérieur qu’elle n’était à ses 20 ans. Rapidement il s’engage dans un périple à bicyclette entre l’Algérie et la Tunisie :
« J’ai fait un voyage à vélo d’environ 800 miles d’Alger à Tunis, accompagné d’un cycliste expérimenté qui se nourrissait normalement. Jamais je n’ai été derrière, j’étais souvent devant avant la nuit, quand l’endurance devenait un test. Gardez à l’esprit que j’étais auparavant un « candidat pour la mort », comme l’avez déclaré tant de fois les médecins, et maintenant jubilant, je pouvais surpasser le plus performant. Et j’avais la joie exubérante de mettre échappé de la boucherie réservée à l’être humain qu’on appelle communément les cliniques médicales scientifiques. » (Ehret, 1922)
Le jeûne le rend plus fort chaque jour
De retour chez lui, Arnold Ehret s’attarde à mettre en place une nouvelle philosophie alimentaire. Celle-ci privilégie la consommation de fruits et la pratique régulière de jeûnes courts qu’il fait précéder de lavements. Il établit également un régime de transition basé sur des exercices physiques et respiratoires pour se préparer physiquement et mentalement au jeûne.
Loin d’être un idéologue, il expérimente sur lui-même les méthodes avant de les proposer aux centaines de personnes qui viennent dans son sanatorium à Ascona en Suisse. Par exemple, une fois, il effectue un jeûne pendant 7 jours avec un ami, qu’ils rompent avec un kilogramme de cerises. Juste après, il marche 56 h durant, sans dormir ni manger pour tester leur résistance. Une autre fois, il fait 360 étirements de jambes après une marche de 16h. Tout ceci lui est désormais possible depuis sa pratique régulière de jeûnes courts.
Bien qu’il ait expérimenté plusieurs jeûnes très longs (de 21 à 49 jours), il ne croit pas nécessaire de jeûner aussi longtemps pour guérir. Il préconise plutôt une alternance de jeûnes courts coupés d’une période d’alimentation un peu plus longue mais qui serait « sans mucus ». Ces aliments sont notamment tous les fruits crus et cuits, les noix, les végétaux sans amidon et les légumes verts cuits ou crus.
Le départ pour l’Amérique
À la veille de la Première Guerre mondiale, Arnaud Ehret se considère comme entièrement guéri. Il veut alors partager son expérience au-delà des frontières qu’il connaît. Se lançant à la conquête du Nouveau Monde, il débarque le 6 juin 1914 du transatlantique George Washington à New York. Il s’installe aux États-Unis et rapidement donne des centaines de conférences, écrit de nombreux articles sur sa méthode de guérison. Il commence à se faire un nom dans le milieu de l’hygiénisme.
Le 10 octobre 1922, il termine une série de quatre conférences sur la guérison par le jeûne ou des centaines de personnes étaient debout par manque de places. Il sort de la conférence vers 23h. Fred S. Hirsch, son ami et éditeur, le retrouve quelques minutes plus tard le crâne fracassé dans la rue. L’hypothèse retenue par la police et qu’il aurait été victime d’un accident automobile. Beaucoup de ces proches ne croient absolument pas à cette thèse.