Pour les septiques, arrêter de s’alimenter pendant un certain temps représente une pratique extrême, voire dangereuse. Alors que dire de la pratique du jeûne sec qui exclut également les liquides ?
Certains affirment même qu’on meurt au bout de 3 jours sans eau. Pourtant, de plus en plus de personnes témoignent de l’inverse avec une augmentation du nombre d’adeptes du jeûne sec aux 4 coins du monde. Il est même considéré comme 3 fois plus efficace que le jeûne à l’eau. À condition de bien savoir se l’approprier pour ne pas se mettre en danger.
Bien que le jeûne sec à visée thérapeutique soit méconnu en Occident, c’est une pratique établie en Russie où le contexte religieux a probablement influencé la médecine traditionnelle. D’ailleurs, l’un des spécialistes du jeûne sec est le Dr Serguei Filonov qui exerce dans les montagnes de l’Altaï en Sibérie.
Découvrons toutes les facettes du singulier jeûne sec comme l’outil de régénération.
Table des matières
Un jeûne sec consiste en une privation d’alimentation et de liquides de quelque nature que ce soit.
D’une part, il existe la version douce du jeûne sec dans laquelle le jeûneur peut être en contact avec l’eau, se doucher, s’humecter les lèvres ou même se gargariser avec de l’eau pendant le jeûne.
D’autre part, il existe la version dure dans laquelle tout contact avec un liquide est proscrit.
L’école russe de jeûne sec recommande cette dernière approche en affirmant que tout contact avec l’eau, même si elle n’est pas ingérée, envoie une un information au corps qui entre en contradiction avec les processus adaptatifs enclenchés lorsque le corps n’ingère plus de liquide.
Le jeûne sans eau n’est une pratique récente.
Dans la Bible, il est dit que Moïse jeûna 40 jours et 40 nuits à sec sur le mont Sinaï avant de recevoir de Dieu les tables de la loi (Exode 34:28) et le roi de Ninives proclama un jeûne sec pour toute sa population afin de préserver son peuple et sa ville de la colère de Dieu (Jonas 3:7). De la même manière, il y a peu de chances que Jésus ait rencontré une source d’eau quand il s’est retiré dans le désert pour y jeûner 40 jours avant de débuter son ministère.
Plus récemment, c’est en Russie que le jeûne à sec a été amplement étudié et pratiqué. À la fin XIXème siècle, le professeur Victor Vasilevic et son équipe étudient le jeûne à sec. Ils mettent en évidence que la perte de poids pendant le jeûne ne touche pas de manière identique tous les organes : le système nerveux ainsi que le système endocrinien sont particulièrement préservés. Ils montrent aussi que les tissus pathologiquement altérés sont préférentiellement dégradés durant le jeûne sec.
Il va laisser derrière lui de nombreux disciples dont L. A. Schenikov qui créé dans les années 1970 « la méthode de réhabilitation de l’organisme« , une méthode très connue en Russie et qui se base en grande partie sur la pratique du jeûne à sec.
C’est enfin son élève, le Dr Sergei Filonov, qui va ramener la connaissance du jeûne sec en Occident dans les années 2010-2015, une pratique quasiment méconnue en dehors de la Russie.
Le corps perd chaque jour de l’eau et nous savons qu’une déshydratation de l’organisme peut être fatale. Ceci explique pourquoi le jeûne sec est perçu comme impossible et dangereux dans la croyance populaire, y compris par certains spécialistes du jeûne à l’eau.
Pourtant, le corps est capable de produire de l’eau de façon endogène en l’absence d’apport extérieur. C’est d’ailleurs le cas pour les chameaux qui ne stockent pas de l’eau mais de la graisse dans leur bosse, ou encore les oiseaux migrateurs qui volent sans escale.
Il a été démontré que les graisses se combinent à l’oxygène pour produire de l’eau et du dioxyde de carbone. Ainsi, 100 g de graisse produisent environ 110 g d’eau. On appelle eau métabolique cette eau créée à l’intérieur même du corps par oxydation des graisses principalement. Par comparaison, les protéines peuvent aussi être oxydées pour produire de l’eau mais on obtiendra que 42 g d’eau pour 100 g de protéines.
Les cellules graisseuses (les adipocytes) sont à la fois une source d’énergie permettant de compenser l’absence d’apport extérieur de nourriture mais sont une source d’eau métabolique en absence d’apports extérieurs de liquide. La compréhension de ces mécanismes explique pourquoi en jeûne sec, tout est accéléré.
Le besoin aigu d’eau va provoquer un passage plus rapide du corps dans la phase de consommation des graisses (la lipolyse) qu’en jeûne à l’eau. En toute logique, cela entraîne aussi plus rapidement le corps dans la phase de nettoyage profond puisqu’une grande partie des déchets métaboliques du corps sont stockées dans les graisses. Ainsi, on estime qu’il faut environ 36 h (voire moins) en jeûne sec pour commencer à utiliser les graisses contre environ 3 jours en jeûne à l’eau.
Le fait que les protéines soient moins rentables que les graisses pour produire de l’eau a une incidence : en jeûne sec, les tissus maigres et musculaires sont préservés davantage qu’en jeûne à l’eau. En plus de l’utilisation des graisses pour produire de l’eau, le corps va pouvoir utiliser toute l’eau excédentaire stockée dans le corps sous forme d’œdème et va même, passés quelques jours de jeûne sec, pouvoir absorber l’humidité de l’air comme en témoignent les recherches russes sur le sujet.
L’eau est vitale pour de nombreux processus métaboliques du corps. Ainsi, lorsque le manque d’eau survient, nous assistons à une réorientation de l’eau disponible dans le corps au profit des processus vitaux indispensables et au détriment de processus secondaires comme l’inflammation, par exemple.
Les processus inflammatoires vont être donc limités dans un environnement où l’eau devient rare. De la même manière, les microbes vont être parmi les premiers à souffrir du manque d’eau. Avec le coronavirus, on observe que les meilleurs effets sont obtenus lorsque l’on pratique le jeûne sec ou au début des symptômes. Ainsi en jeûne sec, l’inflammation comme pour les proliférations microbiennes vont être plus rapidement limitées qu’en jeûne à l’eau.
La plupart des personnes qui expérimentent le jeûne sec témoignent éprouver rapidement une sensation de chaleur intense. Elle diffère énormément de l’expérience du jeûne à l’eau, pendant lequel une sensation inverse de froid est souvent ressentie.
Cette fièvre est la caractéristique de l’efficacité du jeûne sec. Cette élévation de chaleur interne traduit une forte augmentation du métabolisme de la réponse immunitaire et de l’accélération du traitement des déchets. Filonov ajoute aussi les bains froids pour faire monter encore la température du corps jusqu’à 40,2 °C. Ceci nous amène à répondre à un des grands mystères du jeûne sec : comment les déchets sont-ils évacués ?
En jeûne à l’eau, il a été très souvent répété de boire suffisamment pour aider les reins à éliminer parce que l’émonctoire intestinal n’est plus utilisé par absence de nourriture. Le prix Nobel de médecine André Lwoff a consacré une grande partie de ses recherches aux effets de la fièvre sur l’élimination des toxines du corps. Il explique que la chaleur interne induite permet de détruire les déchets à l’intérieur même des cellules.
Les déchets ne seraient donc pas évacués mais neutraliser de manière endogène salon les spécialistes du jeûne sec.
La plupart d’entre nous sommes déjà carencées, même alimentés. Alors cela ne va-t-il pas s’aggraver avec le jeûne ?
Le docteur Sergueï Filonov affirme que c’est l’inverse qui se produit, particulièrement avec le jeûne sec. Il explique que lors d’un jeûne, les besoins minéraux sont diminués car les processus de digestion, d’assimilation et d’excrétion sont absents.
Nous assistons alors à une meilleure redistribution des réserves minérales internes. Il observe que les personnes déséquilibrées ou en carence minérale (carence dans le sang ne signifie pas automatiquement carence dans le corps) ressortent même du jeûne en état d’équilibre minéral. Ceci est d’autant plus vrai en jeûne sec car aucun apport d’eau externe, avec ses propres minéraux, ne vient perturber l’équilibre isotonique du sang (concentration minérale fixe).
La plus grande peur qui se cristallise autour du jeûne sec concerne les reins. Comment vont-ils fonctionner en l’absence d’eau, ne risque-t-on pas de les abîmer ? L’expérience comme la science prouve que c’est le contraire qui se produit.
Une étude portant sur des adultes ayant jeûné à sec durant 5 jours a montré une amélioration de la clairance de la créatinine (marqueur de la qualité de la filtration rénale) de 167%. On croit à tort que les reins ont besoin de liquide pour fonctionner alors que c’est plutôt l’inverse : les reins filtrent et traitent les liquides du corps. Or plus il y a de liquides, plus les reins travaillent. Jeûner sans apporter le liquide, c’est offrir un temps de repos aux reins qui vont naturellement se désengorger et se régénérer. En jeûne sec, la seule eau à traiter est l’eau métabolique qui ne demande pas de travail de transformation supplémentaire.
Le jeûne sec est une méthode très puissante qui va induire un catabolisme important durant la période de privation de nourriture et d’eau. Ceci explique l’efficacité de ce jeûne mais cela implique aussi de l’aborder avec prudence et humilité.
On recommande d’avoir pratiqué quelques jeûnes à l’eau avant de se lancer dans le jeûne sec. Puis nous pourrons ensuite nous essayer à plusieurs jeûnes secs courts et réguliers, comme un jeûne sec intermittent 16/8.
La régularité de la pratique du jeûne court 16/8 entraîne une arrivée plus rapide en état de cétose, parfois en moins de 12 heures selon l’expérience de certaines personnes. Ainsi, même des jeûnes courts auront déjà une action favorable en terme de perte de poids et de nettoyage.
Pour ce qui est des jeûnes à sec plus longs, le Dr Sergei Filonov et de Dr Youri Nikolaïev ont détermine les étapes clés par lesquelles passe toute personne pratiquant un jeûne sec dépassant deux jours :
Les deux à trois premiers jours, on observe une perte de poids rapide, des troubles du sommeil, une mauvaise humeur, des crampes intestinales. Les symptômes sont toutefois supportables.
Aux alentours des 36 à 48 heures de jeûne sec commence la première crise d’acidose avec une augmentation des symptômes. On observe généralement l’apparition de maux de tête, de nausées, de vertiges et une sensation de faiblesse. Le jeûneur ressent généralement une forte chaleur dans la zone du plexus solaire, ses lèvres se dessèchent même si la sensation de soif reste supportable. La faim a disparu et la langue est devenu blanche. Selon Filonov, cette première crise permet d’éliminer les pathogènes. Elle dure entre 48 h et 72 h.
Aux alentours du 5ème et jusqu’au 9ème jour environ, le jeûneur commence à se sentir mieux car le corps s’adapte. Les malaises diminuent, seule la température peut rester élevée ce qui constitue une vraie tentation pour le jeûneur qui lutte pour ne pas consommer d’eau. Cette phase de repos ponctuel prépare à la 2nde crise d’acidose.
Entre le 8e et le 11e jour se déclenche la 2e crise d’acidose où la soif s’intensifie. On observe une exacerbation des symptômes. C’est généralement une épreuve difficile à passer mais Filonov insiste sur le fait qu’il faut traverser cette étape pour que l’effet thérapeutique du jeûne soit total. C’est la raison pour laquelle les meilleurs résultats ont été obtenus chez les personnes qui auront réussi à faire 9 à 10 jours de jeûne sec selon lui.
Aux alentours de 9 jours, le jeûneur se sent mieux, c’est le moment de rompre le jeûne. Nous sommes bien loin des jeûnes hydriques de 30 jours !
Le jeûne sec est bien plus intense que le jeûne hydrique. Il est donc fondamental de bien s’y préparer et de respecter la descente alimentaire. De même, avant de se lancer dans un jeûne sec dépassant 2 jours, il est préférable de se soumettre à des cycles de jeûne hydrique et sec progressifs.
Pendant le jeûne sec, le sang devient plus épais et cela peut constituer une source de stress importante pour le système vasculaire. C’est pourquoi, pour toutes les personnes qui se lancent dans un jeûne sec thérapeutique, Filonov recommande de prendre à jeun une cuillère à café de bicarbonate de sodium dilué dans un verre d’eau chaude, chaque matin pendant un mois.
Les spécialistes du jeûne sec s’accordent à dire qu’il faut absolument éviter d’interrompre le jeûne en cours de crise acidose et qu’il vaut mieux attendre de passer la 1ère ou la 2ème crise d’acidose pour le faire. Pour la reprise, commencez par boire à petites gorgées régulières et ne rien ingérer tant que les urines n’ont pas repris une couleur claire, cela peut prendre 4 à 6 heures. Ensuite, selon la durée du jeûne et les spécificités individuelles, les adeptes du jeûne sec ont tendance à privilégier des produits denses (gras et protéinés) plutôt que des produits sucrés, afin d’éviter un pic glycémique et d’insuline.
Le corps est en position d’absorption maximale durant le jeûne sec et les spécialistes de ce jeûne insistent sur l’importance du cadre pour pratiquer ce jeûne. Il faudrait privilégier un cadre de nature avec de l’humidité. Les Russes parlent de « lieu de force » pour qualifier un tel endroit. Le docteur Filonov a choisi par exemple de mener ses cures de jeûne dans les montagnes de l’Altaï, au fin fond de la Russie, dans un cadre exceptionnel de forêts, de torrents et de lacs. À l’inverse, il nous met en garde contre les environnements urbains pollués, avec une mauvaise qualité de l’air et beaucoup de pollution électromagnétique. Avec le jeûne sec plus que n’importe quel autre jeûne, l’environnement est primordial.
Filonov déconseille aussi le jeûne sec long (plus de 2 à 3 jours) pour une personne qui possède une charge toxique trop importante par rapport à son niveau de vitalité.
Un immense merci à toutes les personnes qui ont souhaité témoigner de leur jeûne. Ces témoignages sont des pierres précieuses, trésors de courage, de détermination, de confiance et dépassement de soi. Ils sont aussi la démonstration, face aux sceptiques, de la capacité de notre corps à vivre sereinement cette pratique, régénératrice, naturelle et ancestrale, qu’est le jeûne.
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Sources : Euronature & mag rgnr